Pourquoi la vie privée est-elle si importante ?

Max Schrems : Nous avançons vers une société numérique dans laquelle il est possible de suivre chaque pensée et de prévoir les comportements d’individus sans que ceux -ci ne soient au courant. Comme c’est le cas pour d’autres technologies, ces possibilités constituent à la fois de réelles opportunités et une véritable source de dangers. Les mesures de protections de la vie privée sont justement censées limiter les effets négatifs de ces développements pour que nous n’ayons pas à nous en préoccuper. Parce que nous avons finalement tous, certaines choses que nous considérons comme privées.

 

Le Safe Harbour portait atteinte à la vie privée des citoyens Européens. Vous l’avez contesté. Son successeur, le Privacy Shield, ne semble pas satisfaisant non plus. N’est-il rien de plus qu’une réplique de son prédécesseur ? Quelles améliorations apporte-t-il et quelles limitations perdurent ?

Max Schrems: Il s’agit malheureusement d’un simple copier/coller de l’accord invalidé, qui a juste été passé une seconde fois sous un nouveau nom. Il y a certes quelques améliorations à la marge, mais les principales limitations liées d’une part à l’insuffisante protection de la vie privée prévue par la législation européenne et d’autre part à une surveillance de masse continue aux Etats-Unis, n’ont pas changé du tout.

 

La législation européenne est désormais censée protéger la vie privée “par défaut”. Est-ce assez pour restaurer une culture de protection en Europe ? Si ce n’est pas le cas, quelles sont les conditions nécessaires pour garantir la protection de la vie privée des citoyens européens ?

Max Schrems : Le nouveau GDPR constitue une réelle différence pour certains pans de l’industrie informatique qui jusque-là échappaient a la législation européenne en matière de protection de la vie privée. La principale nouveauté, ce sont les amendes. Les entreprises vont devoir payer des amendes pouvant aller jusqu’à 20 million d’euros ou 4% de leur revenu mondial. Ces mesures devront je l’espère mettre un terme à la situation actuelle de méconnaissance ou d’ignorance de la législation européenne. Car jusque-là celle-ci n’a en fait pas été appliquée.

 

La régulation du partage de données transatlantique est-elle condamnée à échouer ? Pourquoi ce sujet est il si difficile ? Pourquoi existe-t-il un tel “clivage numérique” entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelles en sont les causes et les origines ? Est-ce une question de culture, de législation ?

Max Schrems : Les lois des Etats-Unis ne protègent que les citoyens américains. Les autres sont à peine protégés. L’Union européenne part au contraire d’une conception des droits de l’homme qui s’appliquent à chaque individu et qui s’accompagnent de règles très strictes en matière de protection de la vie privée. Les entreprises multinationales soumises à la fois aux lois sur la surveillance aux Etats-Unis et aux lois sur la protection de la vie privée européennes, et qui ne distinguent pas leur produits conformément enfreignent inévitablement les lois de l’un des deux systèmes.

 

Votre quête et votre combat sont désormais connus et beaucoup s’y sont rallies. Qui sont vos soutiens ?

Max Schrems : Un énorme soutien moral d’abord. Et également près de €70.000 de donations pour l’affaire “Safe Harbor”. Mais je pense qu’à terme nous devrons passer d’un système basé sur des activistes individuels, qui le font sur leur temps libre, à une configuration plus professionnelle et plus pérenne. D’ailleurs je travaille actuellement à l’établissement d’une ONG européenne chargée de la mise en œuvre de mesures de protection, qui puisse justement s’occuper justement de ces questions et qui puisse porter elle-même certaines affaires devant la justice. L’important maintenant est de trouver des financements à moyen terme pour ce projet.

Max Schrems participera au FIC 2017 et interviendra en ouverture de la séance plénière, mercredi 25 janvier à 9h. Venez écouter son intervention au FIC 2017 !

 

 

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