Depuis quelques mois, les plateformes et réseaux sociaux sont sur le grill. Montrés du doigt pour leur responsabilité dans les rumeurs, « hoax » et autres « fake news » qui ont émaillé les campagnes électorales américaines et françaises. Coupables de laisser publier des contenus « illicites ». Voire accusés par un avocat américain, qui a porté plainte pour complicité d’apologie du terrorisme, d’avoir permis l’émergence de Daesh. Les accusations et pouvoirs qu’on leur prête à tort ou à raison sont finalement à la démesure de ces plateformes. Qu’on en juge par les chiffres fournis au Congrès américain sur ce qui relèverait de la propagande pro-russe pendant la dernière campagne présidentielle : 300 000 vues sur Youtube, 36 000 comptes Twitter générant automatiquement des contenus, 126 millions d’Américains potentiellement exposés sur Facebook. Peut-on pour autant accuser ces plateformes de tous les maux ? Rappelons que leur modèle économique phare est la publicité. L’optimisation, la contextualisation et l’éditorialisation de contenus n’ont donc pas de secrets pour elles… Rappelons également que le « pouvoir libérateur » d’Internet a été largement utilisé et salué par les autorités américaines, en particulier au moment des Printemps arabes. Alors oui, en agissant comme de fantastiques caisses de résonnance, ces plateformes contribuent à la fabrication de l’opinion publique, pour reprendre les termes de Noam Chomsky. Mais si leur responsabilité va au-delà de celle d’un simple relais, elles ne doivent pas non plus devenir les nouveaux juges de paix chargés de dire ce qui est bon ou mauvais pour la démocratie, ce qui est dangereux ou non pour notre sécurité. D’un côté, il s’agit donc d’améliorer l’éducation des internautes et les mécanismes qui permettent de détecter les manipulations de l’information (48 millions de comptes twitter seraient gérés par des bots…). De l’autre, il est urgent de renforcer la lutte contre les « contenus illicites », notamment la propagande terroriste, autour des textes en vigueur, en particulier la loi française du 13 novembre 2014 qui prévoit des procédures de blocage, retrait ou déréférencement. Même si l’Homme devra nécessairement rester dans la boucle, les plateformes y verront là un nouveau débouché pour l’intelligence artificielle. De mars 2016 à avril 2017, 5 512 demandes, dont 60% relatives au terrorisme, ont été transmises aux plateformes selon la procédure administrative. Et 630 000 comptes à caractère terroriste ont été supprimés par Twitter…

Florian Bachelier

Député de la 8ème circonscription d’Ile et Vilaine

Premier questeur de l’Assemblée nationale

*Ce thème sera celui de la prochaine Agora FIC qui se tient à la Maison de la Chimie le 14 décembre 2017 de 8h30 à 12h. Cette manifestation sera placée sous le Haut Patronage de la Commission du Numérique et des Postes de l’Assemblée nationale.

L’Agora FIC a pour objectif de réunir régulièrement, sur un format restreint, élus et acteurs du monde numérique autour des questions de cybersécurité. Elle complète les petits déjeuners mensuels de l’Observatoire FIC.

 

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